Notre philosophie

AnoréVie propose un regard sur l’anorexie boulimie, sans jugement ni tabou, dans le respect et la tolérance.
Pour AnoréVie, les troubles alimentaires expriment une grande insécurité, des peurs de l’intrusion, une manifestation d’une faille identitaire, quand la personne n’ose pas être elle-même.

 

Il est impératif d’aller vers cette construction ou reconstruction de personnalité, afin d’oser être en vérité et authenticité, suivant l’expression de son propre potentiel plutôt que de se réfugier derrière un personnage qui masque la vraie nature de la personne.

 

Etre coupé de soi-même est extrêmement douloureux et source d’angoisse, et c’est dans cette faille que le système de défense anorexique ou boulimique prend racine. Il sert à la personne pour survivre malgré cette fracture interne.

Il est donc inutile de vouloir arrêter le comportement alimentaire si on ne l’accompagne pas d’un travail en profondeur.

 

C’est grâce à cette compréhension profonde que nous proposons des approches pluridisciplinaires, tant médicales que psychologiques, corporelles et familiales, afin de permettre cette reconstruction psychique.
Les ateliers mis en place visent également à rendre à la personne le sens de son unité et de sa globalité.

 

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NOTRE REGARD ET NOS INTERVENTIONS

 

Docteur Damien BOURGONJON

Gynécologue — sexologue clinicien

Consultation en médecine nutritionnelle et fonctionnelle

Consultation en médecine préconceptionnelle

Président de l’ASBL AnoréVie

 

Pour avoir vécu dans ma famille un cas dramatique d’anorexie mentale, j’ai pu mesurer en direct l’incompréhension et surtout l’incompétence du milieu médical, et ce par manque de formation et d’information.

 

Durant mes études de médecine générale et ensuite de gynécologie, je n’ai pas trouvé les solutions afin d’aider ma sœur. Le constat était terrible : je ne comprenais rien et surtout je n’avais rien à proposer. Que se passe-t-il dans la tête d’une personne qui « décide » de ne plus nourrir son corps ?

 

Quand j’ai rencontré Françoise, j’ai compris que la solution était ailleurs. Je devais changer mon regard sur cette maladie et surtout ne plus être dans le jugement, mais dans l’amour.

La médecine a tellement évolué au niveau des techniques de diagnostic et de traitements chirurgicaux, mais il lui manque toujours cette sensibilité face aux perturbations de l’âme.

Durant toutes ces années où j’ai œuvré au sein de l’ASBL AnoréVie, j’ai rencontré beaucoup de thérapeutes de tout bord, avec des formations aussi différentes que passionnantes.

J’en ai déduit une chose fondamentale : la prise en charge des troubles du comportement alimentaire est multidisciplinaire. Chaque thérapeute doit apporter sa pierre à l’édifice de la guérison en fonction bien sûr de sa formation, mais surtout de son vécu tant professionnel que privé !

 

Depuis plus de 30 ans, je pratique un métier que j’aime et qui m’apporte énormément de satisfactions. Je n’ai pas pu sauver ma sœur, mais j’essaye tous les jours d’apporter un peu d’amour et de compréhension dans mon travail.

C’est mon rôle et mon devoir de médecin !

 

Aujourd’hui, ce nouvel ouvrage de Françoise est dans la continuité de cette merveilleuse histoire qu’est AnoréVie.

Merci de vos partages

 


 

 

Docteur Philippe MARECHAL

Médecin généraliste

 

PLACE DU MÉDECIN TRAITANT DANS L’ÉQUIPE ANOREVIE ET LE SUIVI DES PERSONNES SOUFFRANT D’ANOREXIE.

 

Dépistage

 

Au médecin traitant revient la charge du repérage ciblé des signes annonçant une anorexie mentale, d’en connaître les symptômes évocateurs, et d’orienter le patient vers les personnes ou centres spécialisés dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire, pour apporter la confirmation du diagnostic et assurer au mieux, dès le début, la prise en charge.

 

Travail en équipe     

 

Travailler en équipe pluridisciplinaire est essentiel. L’anorexie n’est pas une pathologie à aborder en médecine — générale ou spécialisée — de façon isolée. Elle exige une approche médicale, nutritionnelle, psychologique personnelle et familiale, de bien-être physique et de créativité.

 

Prise en charge du patient 

 

Elle exige une sensibilisation à la pathologie, de disposer de temps d’écoute, d’une formation continue, d’un travail en équipe pluridisciplinaire.

Si la patiente suivie par AnoréVie le désire, le médecin traitant peut suivre sa patiente sur le plan médical. Il est invité à accepter et à favoriser les bons échanges avec l’équipe et, s’il le souhaite, à participer, aux réunions de cas concernant sa patiente. S’il n’est pas le médecin choisi par l’anorexique pour l’accompagner dans son trouble du comportement alimentaire, il devra être averti par le médecin responsable de tout événement important dans le suivi de sa patiente (signes d’alerte, hospitalisation, passage à la chronicité, etc.).

 

Le suivi strictement médical est avant tout un bilan régulier de santé, un suivi attentif de l’IMC (Indice de Masse Corporelle), la recherche de carences, des plus petits signes d’une stagnation de son état ou de dissimulation de la perte de poids. Il se fera épauler au besoin d’avis médicaux spécialisés, appuiera l’équipe ou proposera lui-même une hospitalisation ou une consultation en centre spécialisé. La composante nutritionnelle est affaire de diététicien averti pour les troubles du comportement alimentaire.

 

Aide aux parents pour une fonction soutenante

                       

Des entretiens entre les parents, la patiente, la thérapeute et le médecin (traitant, généraliste de l’équipe, nutritionniste) sont très aidants : ils permettent de mettre à plat des difficultés ou de revenir sur des incompris ou des comportements défavorables à la bonne évolution de la patiente.

 

 

 



Docteur Leïla BOURAOUI

Nutrithérapeute, formée à l’ANC (Approche Neuro-Cognitive et Comportementale) et membre de la SBMN (Société belge des Médecins Nutritionnistes)

 

COMMENT SE DÉROULE LA CONSULTATION CHEZ LE MÉDECIN NUTRITIONNISTE POUR LE SUIVI DES PATIENTES ANOREXIQUES DANS L’ÉQUIPE ANOREVIE ? 

 

Les patientes souffrant d’un trouble de conduite alimentaire me sont confiées par AnoréVie, leur médecin traitant ou leur psychothérapeute, mais peuvent également venir soit de leur propre initiative soit par l’intermédiaire de leur famille.

 

Il s’agit souvent de confirmer le diagnostic supposé et/ou posé préalablement par l’équipe d’AnoréVie ou le médecin traitant. Dans certains cas, il s’agit d’établir le diagnostic pour assurer la prise en charge de ces patientes.

 

Ma prise en charge se compose de plusieurs volets :

 

L’écoute active

 

Il s’agit d’écouter ces patientes, leur histoire, leur vie au sein de leur famille dans un but de comprendre leur mal-être, les facteurs déclencheurs de leur pathologie et leurs peurs, mais aussi leurs croyances alimentaires, leurs blocages et leurs souhaits. Nous abordons ensemble les piliers alimentation santé, la composition de certains aliments en nutriments, les rôles des nutriments, l’équilibre calories-nutriments, etc. Mon but est de les accompagner vers une réconciliation avec la nourriture et ensuite une alimentation équilibrée et diversifiée qui répond à leur besoin nutritionnel tout en leur donnant des idées et les explications nécessaires afin qu’elles adhèrent au mieux à ces changements.

De par ma formation à l’ANC, j’aide les patientes à rationaliser leurs pensées et à les stabiliser, à fixer des objectifs réalisables, à accepter la reprise pondérale tout en leur proposant un cadre thérapeutique permettant une meilleure adhésion à leur suivi nutritionnel.

La famille est également écoutée afin d’avoir leur perception du vécu de leur enfant. Il s’agit également de leur permettre d’exprimer leurs propres difficultés face à l’incompréhension de la pathologie, à leur inquiétude relative à la santé de leur enfant et en vue de trouver des solutions à la problématique des repas.

 

Le suivi nutritionnel

 

Il comprend une anamnèse fouillée afin d’identifier toutes les plaintes physiques de la patiente. Il est associé à un examen médical approfondi avec un suivi de l’IMC (Indice de Masse Corporelle). Des examens complémentaires font également partie de la prise en charge afin de mettre en évidence les déficits nutritionnels ainsi que les pathologies osseuses, cardiaques, digestives, etc. qui seraient déjà installées ou en cours de l’être.

Un plan alimentaire accompagné de compléments alimentaires est alors proposé à la patiente. Ces derniers sont adaptés au fur et à mesure du suivi de l’IMC de la patiente et de ses plaintes physiques.

 

Le travail en équipe

 

Mon travail se fait en collaboration avec les thérapeutes d’AnoréVie, qu’il s’agisse de psychothérapeute, de thérapeute corporel, de gynécologue, etc., mais également avec des confrères pédopsychiatres ou psychiatres et les hôpitaux adaptés pour la prise en charge des troubles du comportement alimentaire.

Les réunions avec l’équipe d’AnoréVie me permettent d’avoir une meilleure connaissance de mes patientes pour un meilleur suivi nutritionnel.

 

Mes objectifs sont :

 

– d’éviter ou de réduire les conséquences à court, moyen et long terme de la dénutrition ;

– d’accompagner les patientes vers un IMC santé ;

– leur permettre de manger avec plaisir et sérénité une assiette colorée en nutriments et micronutriments.

 


Cécile ARTUS

Secrétaire de l’asbl AnoréVie,

Psychologue au Centre de Planning Familial des FPS (Femmes Prévoyantes Socialistes) de Libramont

 

Quand j’ai rejoint en 2000 l’asbl AnoréVie à la demande de Françoise, je ne savais pas que j’allais vivre une expérience aussi enrichissante sur le plan humain pendant autant d’années.

C’est assez rare de créer une association qui regroupe uniquement des volontaires et qui arrive à pérenniser ses activités alors que tout dépend des subsides octroyés ou pas, des relations interpersonnelles qui se déroulent bien ou pas.

Nous nous sommes rassemblés autour d’une cause qui, à l’époque, n’était pas aussi médiatisée qu’aujourd’hui, c’est-à-dire les troubles du comportement alimentaire (TCA). Françoise a tenté depuis vingt ans de s’entourer de personnes, venant d’horizons différents et complémentaires, qui se sentent à l’aise avec les TCA, qui sont accueillantes, non jugeantes, disponibles et surtout compétentes.

Nous n’avons jamais pu réaliser le rêve qui nous tient le plus à cœur pour la province de Luxembourg, celui d’avoir un endroit unique qui regroupe tous les spécialistes nécessaires à la prise en charge des TCA. Nous avons donc proposé, selon nos moyens humains et financiers, des activités, des espaces de bien-être et de bien-vivre ; nous avons écouté, accompagné, orienté les personnes souffrant de TCA ainsi que leur entourage familial.

 

Pour ma part, les membres d’AnoréVie sont devenus des personnes ressources, avec lesquelles des liens forts se sont tissés à la fois sur le plan professionnel, mais aussi personnel. Nos réunions sont toujours sources d’échanges et de réflexion. AnoréVie vit parce qu’il y a un flux d’énergie qui circule entre nous et qui nous nourrit dans notre propre démarche, que nous soyons médecin, diététicien, nutritionniste, kinésithérapeute, psychologue, psychothérapeute …

C’est la richesse de notre diversité qui constitue un kaléidoscope au service des personnes en souffrance.

 


Jean Bernard LIEVENS

Thérapie familiale et systémique

Une petite histoire

À celui qui réussira à remplir cette salle de mon château entièrement et en une journée je donnerai mon cœur. C’est de cette manière que notre noble princesse invite les prétendants à se démarquer pour décrocher son cœur. Se présente un paysan avec les plumes de ses oies, un maraîcher avec la paille de ses couches, un joaillier avec bagues et ornements, même un batelier qui tenta sa chance avec de l’eau…  Beaucoup défilent sans jamais réussir. Puis arrive le valet qui avec une simple bougie réussit à remplir la salle de sa lumière. Le soir de la nuit de noces, la princesse qui avait maintenant donné son cœur lui avoua : tu sais j’ai bien regardé, tu as un peu triché, en dessous de la bougie il n’y avait pas de lumière, rien que de l’ombre !

En recevant une famille, je change d’angle de vue, je considère la famille comme un ensemble de personnes en relation et ayant vécu une histoire. Et un membre de cette famille porte un symptôme, une souffrance. Leur histoire est le plus souvent figée, engluée dans leur narration. Intervenir à ce moment comme thérapeute, c’est recueillir ce qu’ils se racontent et ce qu’ils ne se racontent plus ou qui est devenu trop difficile. C’est parler de ce qui est dans la lumière, mais surtout de ce qui est dans l’ombre, souvent fragile.

Oser s’aventurer avec eux dans l’ombre pour à nouveau être dans la narration d’une histoire, de leur histoire. Non plus figée, mais à nouveau pleine de leur créativité.

Se raconter une histoire commune c’est se sentir reconnu, mais c’est surtout faire émerger des différences individuelles de ressentis, d’émotions. Reconnaître ces différences c’est pouvoir se synchroniser les uns par rapport aux autres.

Réintroduire la narration pour venir jouer dans l’espace entre l’ombre et la lumière, c’est permettre aux familles de venir chercher ce dont ils ont besoin au travers d’une relation authentique et rassurante.

 



Françoise LIEVENS

Accompagnement thérapeutique — Art-thérapie

 

Certaines personnes me demandent de les accompagner dans leur processus de libération de leur problème alimentaire.

Je le fais en utilisant différents outils que je résumerai sous le vocable d’ « art-thérapie » qui est l’exploitation du potentiel créateur d’une personne à des fins thérapeutiques.

Il s’agit d’utiliser différents médiums tels que la représentation graphique, les collages, la peinture, l’écriture, la musique, les visualisations, etc. afin de favoriser l’expression puis la transformation d’énergies négatives en énergies positives dans le but de réintégrer ces énergies transformées au tissu psychique de la personne.

Ces outils permettent l’expression émotionnelle qui doit être suivie d’une transformation.

C’est-à-dire que la personne contacte son inconscient afin d’amener à la conscience ce qui a pu se cristalliser en elle, à partir de blessures, manques, croyances, fonctionnements. Nous laissons émerger tout ce qui peut entraver la libre circulation de l’élan vital.

Ces lectures profondes permettent de libérer les énergies négatives et les crispations qui ont amené la patiente dans des endroits où elle stagne dans de la négation de la vie, dans le non-amour à son égard.

 

Comment se souvenir de ses ressentis d’enfant ?

Je vous livre ce que m’a traduit une jeune femme en fin de son parcours anorexique, faisant le point du travail réalisé sur elle-même : « Mes souvenirs d’enfance ont été retrouvés d’abord par des images puis par des sensations. Les images pouvaient être lumineuses, d’autres opaques, révélant de véritables traumatismes. Mais le chemin le plus délicat a été de retrouver les sensations quotidiennes, ordinaires d’une petite fille qui a peur, qui ne se sent pas à l’aise, qui n’est pas bien avec elle-même, qui se crispe, se met en tension, “se retient”, n’osant pas exprimer la vie qu’elle ressent, car le regard de l’adulte terrasse trop souvent sa vitalité. Et il me semble que mon problème alimentaire a trouvé son origine dans ce “terrassement”. Et mon anorexie a été une tentative de me relever avec une force de vie qui exprimait tout autant la solitude, la peur, le manque de confiance qu’une puissante rage de vivre. »

 

Exemple d’une représentation graphique

Jeune femme souffrant de crises de boulimie quotidiennes depuis de nombreuses années, ce qu’elle souhaite de toutes ses forces dépasser.

 

Je commence toujours le travail par une courte relaxation, car l’écoute de l’inconscient se fait à partir de la conscience corporelle : le corps sait ce que le mental ignore.

Cette patiente contacte le moment de basculement dans la crise, qui est toujours un moment qu’elle voudrait refuser, mais qui est porteur de pulsions irrépressibles.

S’ensuit le travail de représentation graphique qui s’effectue les yeux fermés afin que le mental n’interfère pas. La jeune femme dessine sur une feuille posée devant elle, au moyen de pastels. Elle représente ce qui se montre à sa conscience, à travers des images symboliques : un mur blanc, puis une toute petite fille qui se tient au pied de ce mur. Elle exprime : « Je voudrais franchir le mur, mais je ne peux pas, car à cet endroit la vie s’arrête. »

Le mur symbolise la crise, sans laquelle elle ne se sent plus vivre. C’est donc ce mur qu’il faut « interroger » en ce moment.

Je l’invite dès lors à entrer plus profondément dans ses sensations qui lui livrent d’autres images intérieures : le mur s’efface et elle distingue un chemin obscurci par un épais brouillard qui se dissipe peu à peu. Tout en la guidant, je l’exhorte à ressentir ce dont elle a besoin à cet endroit. Apparaît alors l’image de son grand-père décédé. Grand-père auprès duquel elle se sent en sécurité, dont les mains chaudes et la présence incarnent la douceur. Son émotion est perceptible, quelques larmes s’échappent de ses yeux et je l’encourage à laisser ce film se dérouler afin de se nourrir de cette douceur dont elle a eu et a encore grand besoin. Je dépose, avec son accord, un plaid moelleux sur ses épaules afin qu’elle se sente entourée de manière chaleureuse.

Lorsque la patiente émerge à son aise de ce voyage, nous examinons ensemble comment elle peut, dans son réel actuel, oser aller vers cette douceur qu’elle fuit par peur. Peur dont elle se protège en se faisant croire qu’elle n’a pas besoin de cette bienveillance, mais qui lui manque cruellement.

 

Il a été important pour elle de réaliser ce jour-là, au-delà des mots que j’aurais pu dire, à quel point la crise alimentaire est un moyen de survie, un impératif vital. En effet cette prise de conscience diminue la culpabilité ressentie dans ce qu’elle vit comme un comportement « asocial, anormal ».

 



Michèle STREPENNE

Praticienne en massage sensitif, science du toucher et de l’affectivité (haptosynésie).

Formatrice en massage relaxant, relation au toucher pour le personnel soignant.

 

Petite présentation

Je m’appelle Michèle Strepenne, je fais partie de l’équipe AnoréVie et j’accompagne des personnes à partir de deux outils corporels : le massage sensitif et l’haptosynésie.
Pour compenser la difficulté de mettre des mots sur un travail basé sur les sensations, le ressenti, les émotions, le lien à soi et aux autres, j’illustrerai ce texte d’exemples concrets.

 

L’anorexie mentale et la boulimie

Le mental a pris une énorme place au détriment du corps. C’est pourquoi le travail à partir du corps va devenir un des axes importants dans la prise en charge du patient.

 

L’haptosynésie

Cette science du toucher et de l’affectivité fut créée par le docteur Frans Veldman. Ce travail consiste à permettre à la personne de retrouver un lien avec elle-même et un lien avec les autres à partir de la relation tactile.

Imaginez que vous êtes triste, que vous vous consolez en vous prenant vous-même dans les bras… vous souriez probablement, car vous savez très bien que cela ne vous aidera pas beaucoup. Cependant si vous demandez à quelqu’un de bienveillant qu’il ou qu’elle vous entoure et vous prenne dans ses bras, là vous allez probablement vous sentir mieux, rassuré, compris.

Nous nous sentons exister par le contact, le toucher avec l’autre.
C’est ainsi qu’avec l’haptosynésie nous allons recréer une relation tactile, un lien à l’autre pour que la personne se sente exister.
Personnellement, plus je découvre cet outil, plus je lui donne le nom de « thérapie du lien », mais ceci n’engage que moi bien entendu.

 

L’anorexie mentale, la boulimie et l’haptosynésie

La personne souffrant d’anorexie s’est identifiée à l’image idéale d’elle-même. Elle est la plupart du temps enfermée dans ses pensées à propos de son image et s’est coupée de son ressenti profond d’exister.

Dans les séances d’haptonomie nous créons un contact tactile : le praticien place ses mains au départ dans le bas du dos de la personne en l’invitant à ressentir le contact et, petit à petit, les pensées s’apaisent pour donner place à un ressenti d’être là, en paix, calme, pour retrouver une force intérieure.
La personne à ce moment-là n’est plus identifiée à une forme, une image idéale puisqu’elle se sent être, exister, vivante, confiante.

Nous découvrons aussi dans ce travail la capacité d’accueillir une émotion en écoutant les sensations du corps et de laisser du temps aux émotions de nous traverser sans les nier ni se laisser envahir par elles, tel un surfeur qui traverse les vagues.

 

Quelques retours de séances

« Si je place mes mains dans ton dos, est-ce que cela te convient ? »

« Non, pas sur le côté, car là j’ai la sensation d’être grosse, place-les plutôt sur le dos. »

Nous cherchons ensemble ce qui est juste, la personne refait confiance en son ressenti.

 

« Quand tu fais une pression avec tes mains sur tout mon corps en partant de la tête jusqu’aux pieds, j’ai la sensation d’être grande et mince, alors qu’en temps normal je me vois énorme. Je ne sais pas encore qui a raison, si c’est mon mental ou mes sensations. »

Ici, doucement la personne découvre grâce aux sensations tactiles une autre vérité que celle de son mental.

 

« Quand tu as fait le modelage de ma jambe gauche et pas de la droite, j’ai pu sentir la différence entre les deux. La jambe modelée existe, elle est vivante et je la sens mince, fine et longue ; l’autre est presque inexistante, morte, molle, grosse. »

Dans cette séance la personne fait la différence entre « ressentir son corps » et « penser, juger son corps ». À ce moment, elle habite son corps.

 

« Quand je ressens mon bassin, je me ressens en pleine sécurité, alors que normalement j’ai toujours besoin, plusieurs fois par jour, de vérifier mon poids sur la balance. »

La découverte ici est que la sécurité ne dépend pas du poids sur la balance, mais de son ressenti intérieur. Son sentiment de sécurité est en elle.

 

J’ai peu parlé de l’outil du massage dans ce processus d’accompagnement, il est également important. Cependant j’introduis de plus en plus de temps de massage dans les séances d’haptosynésie.

Je tiens à remercier Françoise Lievens et tous les membres de l’équipe pour les temps de partage, d’échanges, de soutiens mutuels. Pour ma part, cela me permet de poursuivre les accompagnements dans un climat de confiance et de complémentarité.

 


Anne FRANCARD

Formatrice et médiatrice en gestion de conflits (Méthode C.R.I.T.E.R.E – ASBL CommunicActions)

Facilitatrice en intelligence relationnelle (communication bienveillante)

 

Cela fait maintenant plus de dix ans que j’accompagne Françoise et son équipe dans l’aide aux personnes souffrant de troubles alimentaires liés à l’anorexie et/ou la boulimie, ainsi qu’à celles et ceux qui les entourent.

 

J’ai commencé par animer un atelier de communication bienveillante pour des parents/compagn(ons)(– es) de jeunes filles souffrant d’anorexie. Depuis, l’accompagnement s’est diversifié et touche différents domaines comme la gestion des conflits, le travail de l’estime de soi et la médiation lors de situations relationnelles complexes et perturbées.

 

Depuis mes études de philologie romane, je me suis toujours passionnée pour la communication. Mais au-delà de l’aspect technique du langage, c’est surtout l’étude de l’alchimie d’une relation humaine qui m’intéresse.

 

Avec des outils comme la CNV (Communication Non Violente), P.R.H. (Personnalité et Relations Humaines) ou encore la méthode de gestion de conflits C.R.I.T.E.R.E de l’Association CommunicActions, j’explore chaque jour davantage ces intelligences relationnelle et émotionnelle qui tentent de faire de toute rencontre un espace de dialogue respectueux et authentique.

 

Dans l’analyse d’une mécompréhension, d’une divergence ou d’un conflit, il importe de distinguer trois types de blocages, afin d’apporter le bon remède à chacun

 

1) Des structures déficientes —–> Mettre en place un cadre et des règles.
2) Des vécus dévalorisés, des colères, des frustrations —–> Développer une communication vraie.
3) Des intérêts divergents —–> Développer une négociation efficace.

 

Dans le cadre d’AnoréVie, les difficultés et les incompréhensions quotidiennes que vivent les personnes pour qui manger dépasse de loin l’acte de se nourrir, m’ont profondément touchée. Entrer dans cette compréhension de « leur vérité » qui diffère de la mienne et de toutes les « vérités » des autres qui les entourent, fut et demeure un cheminement édifiant vers l’abandon de certitudes nuisibles à l’écoute de mon semblable, pourtant si différent. Avec les parents et accompagnants, j’essaye de revisiter les images ataviques liées à l’action de se nourrir. Repenser nos croyances en terme d’alimentation se révèle être un parcours périlleux pour beaucoup, surtout quand la vie d’un être cher est en jeu.

 

Au sein de l’équipe, j’ai pour buts :

 

– d’être facilitatrice de l’apprentissage de la différence comme enrichissement et non comme obstacle à la relation ;

– d’être catalyseur pour se défaire des a priori, des interprétations, des préjugés, des jugements, des reproches, des exigences ;

– de favoriser l’observation des faits, d’apprendre à sonder ses émotions et à définir nos besoins insatisfaits ;

– d’être capable de mettre un cadre sécurisant et les règles du jeu, non pas comme on mettrait des barreaux à une prison, mais à l’égal des berges qui sont la chance d’un fleuve, sous peine de devenir marécage ;

– d’être médiatrice dans la recherche des intérêts de chacun, en évitant le piège de la guerre de positions dont l’enjeu est bien plus d’avoir raison sur l’autre que de trouver une solution qui va réunir nos aspirations.

 

Enfin, je m’attache à ce que ce cheminement se fasse dans une forme de légèreté, afin d’échapper à la lourdeur d’un quotidien qui finit par perdre sa fluidité relationnelle tant la pression de (se) maintenir en vie (survie) et en Vie (vie intérieure) est oppressante. « Pour que l’effort puisse être tenu dans la durée, il faut qu’il soit lié à l’enthousiasme et non à la punition », dit Matthieu Ricard.

 

Toute ma reconnaissance va à Françoise pour son engagement et son inspiration d’avoir mis sur pied une association pluridisciplinaire. L’intelligence collective, le soutien d’une équipe, la force et la créativité à chercher des solutions sont ainsi démultipliées.

 



Christian LIEVENS

Trésorier d’AnoréVie

Époux de Françoise Lievens

 

MON TÉMOIGNAGE DE MARI

 

Anorexie : ce mot étrange n’existait pas pour moi lorsque nous nous sommes rencontrés il y a presque cinquante ans et personne n’a posé le diagnostic d’anorexie sur le mal-être dont souffrait ma femme.
Les médecins et autres psychiatres ne connaissaient pratiquement rien aux « troubles du comportement alimentaire ».

Et pourtant ils soignaient ou croyaient soigner : à coup d’un grand nombre d’ordonnances, d’amphétamines, antidépresseurs, coupe-faim, laxatifs, diurétiques.
Certains pharmaciens n’étaient pas regardants : « Vous n’avez plus de prescriptions ? Je vous mets combien de boîtes ? »

Il n’était pas possible de trouver des aidants efficaces.

 

J’ai moi-même consulté différents psychologues pour mieux accompagner mon épouse. Après de nombreuses séances chez l’une d’entre elles, je lui demande :  « Je ne sais plus quoi vous dire, posez-moi des questions. » Sa réponse : « Fermez les yeux et méditez. » Après une demi-heure : « La séance est terminée, nous en resterons là pour aujourd’hui. »

J’ai changé de psychologue pour obtenir la même réponse quelques mois plus tard.

 

Pendant des années, mes réactions ont été maladroites, inappropriées, agressives ou désemparées, en tout cas, inefficaces !

 

La grande sensibilité de mon épouse lui a progressivement permis de décoder le pourquoi du comment de son problème et de me le partager, m’offrant ainsi d’abandonner — un peu — mon monde cartésien de certitudes. J’ai appris que je n’avais pas à trouver de solutions à sa place, qu’elle attendait que je la rejoigne par l’empathie et l’amour.

Je t’aime

Christian

 

 

 

 


 

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